JANVIER 2015 - Cette voix - Du tout au presque rien - Retrouver la trace


Cette voix

Mes lectures studieuses: serai-je capable de m'en émanciper ? Un jour la pensée se donnera libre cours et l'écriture personnelle s'imposera contre ce qui l'empêche d'advenir. Il le faudra bien car cette voix, qui ne sait pas aujourd'hui se faire entendre - rumeur insistante sur fond d'existence - ne me laisse pas de répit. 

Du tout au presque rien 

La pensée de l'Un, donc de l'Être est un privilège accordé à l'homme, notre dernier mot possible. Pensée tellement consubstantielle à la nature humaine que chacun croit pouvoir affirmer qu'il détient sa part de l'Être, quand il n'en revendique pas la totalité. Cette obsession de l'Un émane bien de l'esprit en nous. Elle compense la tendance spontanée de l'intelligence à réduire la réalité en éléments supposés la constituer. Ces deux tendances opposées s'allient très bien quand la tension de vie s’affaiblit, comme c'est mon cas actuellement. Alors, l’esprit reprend nettement ses prérogatives par rapport à l’intelligence réductrice, la communication avec l’être est rétablie, et si la pensée décompose quand même la réalité c’est afin d'en extraire, au hasard, des signes de l'Un, des mots, des fleurs, des fruits et des chansons - témoignages humains, fragiles et contingents, de notre solidarité au tout, à l’être. Je pense en ce moment précis à tous les signes de la Terre et de la Nature qui ont été semés dans les Évangiles. Peut-être est-il possible d’être porté par une onde allant, sans solution de continuité, d’un pôle à l’autre, du Tout au Presque Rien. J’exprime ici juste un souhait pour moi.

Retrouver la trace

En venir à la poésie; abandonner les livres pour s'immerger dans le monde; renoncer à comprendre pour participer vraiment. Le mystère comme bain de jouvence, l'incomplétude comme force de vie, l'enthousiasme porté au delà des déserts et des abîmes. En venir à la poésie, celle qui jaillit spontanément de mes multiples cœurs, de mes sens démultipliés, la poésie qui me rendra à la nudité des premiers jours. Abandon radical à l'invisible et à l'impensé, sans rupture de l'équilibre vital, sans trouble dans la substance des jours ni dans la régularité du souffle. Privilège de n'avoir pas perdu la trace, de la retrouver maintenant, sous la forme d'un réseau aux mille ramifications, dont chacune forme un prétexte à se perdre.

Révisé en février 2023
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