JUIN 2014 - Lire puis écrire

Lire puis écrire

D'abord sur la lecture elle-même, avant de passer à l'écriture. Une méthode naturelle de lecture consiste à importer un rythme et des intonations personnelles à l’intérieur des livres. La mémoire utilise cette structure musicale que nous leur conférons spontanément. Cet ordre exporté dans la substance du texte retient le signe et la signification. La lecture peut ainsi être une façon très personnelle de nous immiscer dans l’œuvre, de nous l'approprier, de lui apposer notre marque.

Rendre compte de ses lectures par l'écriture devient intéressant quand on parvient à se dégager de l'enchaînement des mots, des idées et des paragraphes, quand on devient infidèle à la lettre et qu'on prend conscience de son parcours d'infidélité. Cette lecture libérée, d’une subjectivité assumée, capable de déboucher sur une expression originale, implique une relecture attentive de l’œuvre. On n'y coupe pas : sans effort, sans concentration intellectuelle, sans beaucoup de temps, on ne peut pas dépasser ses propres limites.

Comment, sans une sévère discipline intellectuelle, progresser dans l’intelligence des textes et être capable de rendre compte de ce progrès par l’écriture ? C'est certainement un devoir pour les universitaires. Mais n'y a-t-il pas une approche à la portée des non-spécialistes ? J’y prétends en tout cas, et c’est sur Bergson que je vais me faire les dents.

Révisé en février 2023
gilleschristophepaterne@gmail.com