JANVIER 2017 - La mémoire noble - Philo et poésie - Au delà du complexe - Peu importe qu'ils existent - Retrouver son essor - Volontaire - Excès de pensée

La mémoire noble

Ma vie, médiocre approximation d'un idéal, s'écrit à vue et à tâtons. J'en vois le terme mais pas la fin. En dépit de cette insatisfaction foncière, j'utilise l'énergie des mots pour comprendre qui je pourrais être. Écrire ma vie suppose que je limite la mémoire à la noble, celle de la vie intérieure, telle peut-être qu'elle s'est manifestée à moi dans des circonstances et dans des lieux particuliers.

Philo et poésie

Depuis des années maintenant, j'essaie de définir le référentiel d'idées philosophiques sur lequel fonder mon ultime message. Il s'agit de définir une aire d'entendement (le monde, la vie, le soi) dont je connaisse les bornes et que j'appréhende comme étant mienne. Il me semble que j'y suis presque arrivé et qu'il serait sage de renoncer maintenant à la conquête philosophique pour donner libre cours à la faculté poétique, telle qu'elle s'applique à ma propre finitude. L'idéal : qu'il y ait une véritable continuité entre ce que je comprends et ce que je ressens, entre ma philosophie et ma poésie.

Au delà du complexe

Plonger dans la complexité des idées pour accéder à la simplicité. C'est le mouvement qui me porte quand j'étudie les cours de philosophie médiévale d'Alain de Libera du Collège de France. Ma patience à l'écouter et à le lire tient au projet sous-jacent d'anthropologie chrétienne, qui m'intéresse au plus haut point. J'ai l'impression que le professeur recherche lui aussi les signes élémentaires qui se cachent derrière la folle complexité de la pensée théologique. 

Peu importe qu'ils existent

L'esprit se soucie systématiquement (par vice de constitution) de savoir si les choses nommées ou nommables sont. Or l'important n'est pas qu'un mot désigne une chose qui existe mais que cette chose postulée prenne sa place dans une pensée lui conférant un certain statut de vérité.  Dieu, Soi, ne sont pas donnés d'emblée. Ils n'existent pas au sens propre, ils sont au cœur d'une pensée toujours changeante qui les définit par approximation ou par défaut.

Retrouver son essor

Tentation d'aller droit au but, d'aller droit à ce but-là, sans en passer par les épreuves préalables et sans m'acquitter des droits. Aux prises, une fois de plus, avec le foisonnement du monde possible et de la pauvreté du monde réel. Ce matin encore, je ne sais pas vers quoi me diriger. Je commence cette année recroquevillé sur moi, inapte à tout essor intellectuel, incapable de m'envoler vers le monde des idées. Le court-circuit radical qui s'impose à moi dans ce genre de situation est toujours le même mais, heureusement, aujourd'hui comme hier, j'ai la force de le refuser, j'ai toujours l'ultime force.

Volontaire

Je fais de moi l'interprète de l'énigme. Un médiateur qui se devrait d'acquérir la maîtrise des outils de traduction, mais qui, quelquefois, se lasserait de ce rôle ou n'y croirait plus. L'alternative ? Une alternative intelligente s'entend. Ce serait d'alléger ma responsabilité dans le processus. De me mobiliser sur les voies reconnues, en faisant confiance au temps créateur. Me mettre en tête que je suis le lieu d'une signification transitoire, que je suis entraîné par mon énergie et non pas motivé par le souci d'atteindre un but.

Volontaire

Avec le recul des années, je me rends compte que je peux regrouper mes centres d'intérêt dans une dizaine de collections, qui sont autant d'objectifs d'étude, de lecture, de réflexion et d'observation. L'idéal serait de ne pas aller au-delà et de ne pas perdre de vue les objectifs, intermédiaires ou définitifs, que j'assigne à chaque collection, notamment en terme d'écrits personnels.

Excès de pensée

Dans l'intellectualisme pur, ou la philosophie professionnelle, la pensée ne se sent plus de barrières ni de freins, comme si les outils de réflexion et d'expression ne dépendaient pas de la fabrique humaine et qu'ils étaient, sans autre examen, assurés d'objectivité et de validité. Tous les dévoiements de la pensée deviennent autorisés, par exemple la psychanalyse, la phénoménologie et le structuralisme, sommets de la pseudo-objectivité. Dans la philosophie existentielle, au contraire, qui centre la réflexion sur le sujet humain et ses limites, le penseur est naturellement détourné de tous ces excès de pensée.

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Révisé en mai 2023